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croient pouvoir conspirer en sûreté, emploieroient peut-être pour la combattre les forces qu’ils n’ont reçu que pour la défendre. La puissance nationale, toujours prête à se déployer dans toute son étendue, au jour, au moment où la liberté aura besoin d’elle, effrayera les conspirateurs. Une telle convention seroit donc utile ? Mais si la nation a le droit d’en exiger la convocation, c’est d’elle qu’il la faut obtenir, c’est à elle qu’il faut en montrer la nécessité pressante. Peut-être auroit-on dû attendre du patriotisme de l’assemblée nationale, qu’elle appellât cette convention nouvelle, qu’elle ne craignît point de soumettre ses travaux à un examen sévère ? Mais n’est-il pas plus généreux encore de laisser prononcer la nation elle-même, de se borner à lui donner les moyens d’ordonner cet examen, et de ne paroître, ni le desirer, ni le craindre, ni trop tenir à son propre ouvrage, ni trop s’en défier.

La reconnoissance d’un peuple éclairé pour les fondateurs de la liberté, ne doit pas être un puéril enthousiasme ; il ne doit pas, dans une stupide admiration, proclamer l’éternité de leurs lois ; il doit exhorter la génération naissante à leur obéir, mais aussi à les juger, à les