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berté fût enchaînée, ni que les droits de la postérité n’eussent pas été assez respectés.

Mais il n’en est pas ainsi ; et comme une constitution établie même avec le consentement du peuple peut en très-peu de tems perdre sa confiance, sur-tout si elle n’a obtenu qu’une foible majorité, si elle ne la doit qu’à l’influence nécessaire du pouvoir dont elle émane, comme l’expérience peut développer dans une constitution des vices qui auroient échappé à ses rédacteurs, et qui menaceroient la liberté, il faut donner aux citoyens un moyen légal et paisible d’en obtenir la révision, ou s’exposer à voir sans cesse les révolutions succéder aux révolutions, la liberté, toujours aux prises avec la tyrannie, perdre dans ces combats ou de son étendue ou de sa dignité, et flotter sans cesse entre l’obéissance aveugle qui l’avilit, et l’esprit de faction qui la déshonore.

Toute constitution libre doit offrir aux citoyens un moyen de maintenir leurs droits contre la violation des loix, lorsque ceux qui sont chargés de les exécuter s’en rendroient coupables. Si ces loix elles-mêmes sont contraires aux droits des citoyens, la constitution leur doit présenter l’appui d’un corps législatif

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