Page:Condorcet - Discours sur les conventions nationales.djvu/4

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formé de leurs représentans. Mais si c’est dans la forme même de ces pouvoirs qu’est la source de la tyrannie ; alors le changement de la constitution en est le seul remède ; et si l’on veut que ce remède soit paisible, il faut que la loi offre à la majorité des citoyens un moyen simple et facile d’obtenir cette réforme nécessaire, qu’elle ait déterminé la forme, la nature de l’assemblée à qui cette fonction sera confiée ; qu’elle ne laisse rien d’incertain, rien d’arbitraire, rien qu’on puisse être obligé de régler dans le moment même, où des pouvoirs dont on demande la réforme ayant dès-lors perdu la confiance, il faudroit statuer sur ces objets incertains d’après la volonté tumultueuse d’une nation justement irritée.

Alors la paix publique seroit assurée, alors le refus seul de laisser former la convention nationale pourroit autoriser le peuple à ne pas se contenir dans les bornes de la loi, et rien même n’empêcheroit de porter encore plus loin son empire, en réglant d’avance sous quelle forme légale ce refus de recourir au remède établi par la constitution pourroit être repoussé. C’est ainsi qu’en multipliant les précautions d’une sage vigilance, on peut maintenir une