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éternelle tranquillité sans cet appareil de force qui effraie la liberté, rend la paix suspecte aux ames généreuses, et présente, avec les menaces du despotisme, une si honteuse ressemblance. Mais faut-il, en établissant ces conventions ordonnées par le peuple, renoncer à des conventions périodiques ? Non, sans doute. Toutes deux sont également des bases indispensables de toute bonne constitution.

En effet, l’objet de ces deux espèces de conventions n’est pas le même : celui des premières est de remédier à des abus dont le peuple sent déjà tout le poids ; celui des secondes est de prévenir la naissance de ces mêmes abus. Les premières nées des circonstances ameneront les corrections que ces circonstances rendent nécessaires ; les secondes s’occuperont davantage de ces perfectionnemens, dont le progrès des lumières aura fait sentir la possibilité ; l’amour de la liberté animera les unes, une sage philosophie dirigera les autres. On portera dans les unes les idées, les passions même du moment, on sera préparé par les ouvrages que le sentiment des défauts de l’ancienne constitution aura inspirés. Dans les autres, on sera conduit par l’esprit général du siècle, préparé par

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