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sur le bonheur des individus peuvent produire des crises si dangereuses. Sans doute le passage du despotisme à une constitution libre doit être accompagné de quelques orages ; sans doute ce travail d’un premier corps constituant, obligé de se frayer une route sur les débris dès abus sans nombre renversés par ses mains, ne peut être tranquille. Au milieu d’un combat entre un peuple qui se ressaisit de ses droits et les tyrans qui les avoient usurpés, on ne peut espérer que les loix et la paix publique ne reçoivent aucune atteinte. Mais quand il s’agit de passer d’une constitution déjà libre à une constitution plus libre, qui elle-même doit être remplacée par une troisième où la liberté aura fait encore quelques conquêtes ; quand il s’agit de rendre à des hommes qui jouissent déjà de leurs droits essentiels la jouissance de quelques conséquences de ces droits qu’on avoit méconnus, comment cette marche qui est celle de la pure raison de seroit-elle pas paisible comme elle ?

On craint la confusion de deux pouvoirs, quoique délégués à des assemblées différentes ; mais d’abord on doit mettre dans la forme des conventions, dans le nombre de leurs mem-