III.
De la prétendue néceſſité de l’eſclavage des Negres, conſidérée par rapport au droit qui peut en réſulter pour leurs maîtres.
On prétend qu’il eſt impoſſible de cultiver
les colonies ſans Negres eſclaves. Nous admettrons
ici cette allégation, nous ſuppoſerons
cette impoſſibilité abſolue. Il eſt clair
qu’elle ne peut rendre l’eſclavage légitime.
En effet, ſi la néceſſité abſolue de conſerver
notre exiſtence peut nous autoriſer à bleſſer
le droit d’un autre homme, la violence ceſſe
d’être légitime à l’inſtant où cette néceſſité
abſolue vient à ceſſer : or il n’eſt pas queſtion
ici de ce genre de néceſſité, mais ſeulement
de la perte de la fortune des colons.
Ainſi demander ſi cet intérêt rend l’eſclavage
légitime, c’eſt demander s’il m’eſt permis de
conſerver ma fortune par un crime. Le beſoin
abſolu que j’aurois des chevaux de mon
voiſin pour cultiver mon champ ne me donneroit
pas le droit de voler ſes chevaux ; pour-