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Page:Condorcet - Réflexions sur l’esclavage des nègres, 1781.djvu/24

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Réflexions

tions, & dans le cas où l’on ſ’en écarte, le droit de ne pouvoir être contraint à les remplir, ou puni d’y avoir manqué, que par un jugement légal. C’eſt enfin le droit d’implorer le ſecours des loix contre toute eſpece d’injure ou de léſion. Un homme a-t-il renoncé à ces droits, ſans doute alors il devient eſclave ; mais auſſi ſon engagement devient nul par lui-même, comme l’effet d’une folie habituelle ou d’une aliénation d’eſprit, cauſée par la paſſion ou l’excès du beſoin. Ainſi tout homme qui, dans ſes conventions, a conſervé les droits naturels que nous venons d’expoſer, n’eſt pas eſclave, & celui qui y a renoncé, ayant fait un engagement nul, il eſt auſſi en droit de reclamer ſa liberté que l’eſclave fait par la violence. Il peut reſter le débiteur, mais ſeulement le débiteur libre de ſon maître.

Il n’y a donc aucun cas où l’eſclavage même volontaire dans ſon origine puiſſe n’être pas contraire au droit naturel.