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Page:Condorcet - Réflexions sur l’esclavage des nègres, 1781.djvu/56

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Réflexions

Nous propoſerons donc, non d’affranchir les Negres à naître au moment de leur naiſſance, mais de laiſſer aux maîtres la liberté de les élever & de s’en ſervir comme eſclaves, à condition qu’ils deviendront libres à l’âge de trente-cinq ans ; le maître étant obligé, à cette époque de liberté, de leur avancer les vivres, l’entretien pour ſix mois, & une penſion alimentaire pour la vie, s’ils ſont eſtropiés ou jugés hors d’état de travailler, par un médecin chargé de cette inſpection. Si le maître refuſoit de se charger de l’enfant, il ſeroit déclaré libre, & porté à un établiſſement public. La mere ſeroit transportée au même établiſſement avant l’époque de ſes couches, & y reſteroit une année après l’accouchement ; terme auquel on fixeroit le tems néceſſaire pour allaiter ſon enfant ; cette perte de travail ſeroit un petit ſacrifice que les colons feroient à l’humanité, & une bien foible compenſation pour tant d’outrages.

On auroit ſans doute tout lieu de craindre, que les maîtres qui ne voudroient pas ſe charger d’enfans, ne fiſſent avorter les Negreſſes à force de travaux ou de mauvais