Page:Condorcet - Réflexions sur les affaires publiques par une société de citoyens.pdf/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(5)

Il reſtoit une reſſource : dans la diſpoſition actuelle des eſprits, le Clergé n’eſt rien contre les deux Ordres réunis. On fait trop généralement qu’il eſt un Corps chargé par la Nation de fonctions, dont le ſalaire eſt aſſigné ſur une maſſe particulière de biens, mais qu’il ne peut être ni une claſſe de propriétaires, ni un Ordre de Citoyens. Les Membres de la Nobleſſe les plus éclairés, les plus conſidérés par leur mérite perſonnel, avoient embraſſé le parti populaire, deſiroient de ſe réunir à la généralité des Citoyens, étoient prêts à ſe montrer ſans diſtinction dans leurs Aſſemblées particulières, à paroître comme leurs Repréſentans dans l’Aſſemblée Nationale. Le reſte de la Nobleſſe eût-il alors voulu former un Ordre diſtinct, & prétendre exercer un droit négatif contre les Repréſentans de la Nation entière ? Malheureuſement, quelques hommes qui, par leurs écrits, avoient réveillé la haine du Peuple contre la Nobleſſe ; quelques autres qui, par leurs places, avoient du crédit ſur les habitans de leurs cantons, ſentirent que s’ils admettoient les Nobles dans les Aſſemblées de ce qu’on appelle le Tiers-Etat ; s’ils ſouffroient qu’on les y regardât comme éligibles, bientôt ces Nobles y obriendroient la prépondérance, que