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Page:Condorcet - Réflexions sur les affaires publiques par une société de citoyens.pdf/42

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des Loix, à la formation deſquelles les Planteurs auroient concouru.

Il faut, dit-on, les admettre pour qu’ils puiſſent défendre leurs intérêts. Mais eſt-il juſte d’admettre l’Avocat d’une ſeule partie, & ſi l’on doit accorder ſéance & ſuffrage aux Députés du Corps des Planteurs, pour défendre un intérêt d’argent, ne doit-on pas donner auſſi ſéance & ſuffrage aux Députés des noirs pour défendre les droits ſacrés du genre humain, violés dans la perſonne de ces malheureuſes victimes d’une avidité mal-entendue ? Nous demandons que les Planteurs répondent à ces raiſonnemens, & pour qu’ils ne perdent point leur temps à d’inutiles déclamations.

Nous les prévenons que leurs phraſes ſur l’importance des Colonies, ne font rien à cette queſtion, 1o. parce que l’on ſait à quoi ſe réduit cette importance qu’ils exagèrent d’une manière ſi ridicule ; 2o. parce que c’eſt une queſtion de droit public que nous diſcutons, & que dans les queſtions de droit public, les ſacs d’argent ne peuvent faire pencher la balance.

Nous les avertiſſons de ne plus dire que l’Angleterre veut, par une politique perfide, nous engager à défendre la traite, parce que mille Citoyens de toutes les claſſes ne ſe