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porte sur la jointure de la cuisse de la Vierge qui sort de toute son étendue au-deçà de l’Enfant ; un morceau de la draperie qui le couvre cache même une partie du ventre et de la cuisse jusqu’au-dessous du genou. Il faudrait, pour conserver la régularité du plan, que les pieds de l’Enfant ne fussent pas plus avancés que le haut du corps, et cependant le peintre les a posés sur le devant du berceau, qui est plus avancé hors du tableau que la figure de la Vierge, ce qui rend cette situation non seulement contrainte, mais impossible.

Il n’aurait pas d’ailleurs fait le pied de la Vierge si petit et si peu proportionné aux autres parties. Jules Romain, qui a été assurément un grand homme, a pu remarquer ces défauts ; mais il se peut faire aussi qu’il les a commis par malice, afin que l’on les attribuât à Raphaël, auteur du dessin, pour en diminuer la gloire et l’excellence. Et de fait, il s’en trouve une estampe, dans laquelle, quoique mal gravée, ces défauts ne se trouvent point, et il est à croire que Raphaël la fit expressément graver pour se justifier de ces manquements et les renvoyer à la jalousie de son copiste.

Pour ce qui est du sujet de ce tableau, on peut dire hardiment qu’il est fort apocryphe ; car l’Évangile nous apprend que l’Ange du Seigneur apparut en songe à Joseph et lui dit : « Levez-vous ; prenez l’Enfant et sa mère, et fuyez en Égypte, et y demeurez