Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/182

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celle-ci ? Il semble que la joie[1] et la gaieté de la récolte frappent d’abord les yeux en la regardant ; ces figures qui travaillent tiennent leur partie parfaitement bien, fuyant dans le tableau avec beaucoup d’art.

Ces chevaux qui battent le grain de leurs pieds font admirer la diversité de l’usage qu’il a été rechercher.

Et les femmes qui préparent à manger ne laissent pas de faire aussi partie de l’histoire ; car Booz commanda qu’on laissât manger et boire Ruth avec ses servantes, exprimant jusques à la bouillie que Booz spécifia qu’on lui laissât manger avec elles.

Il y a jusques à un joueur de musette qu’il mêle dans son ordonnance pour faire voir par la gaieté de cet instrument champêtre qu’il y a pleine moisson, puisqu’on se réjouit ; car l’Écriture marque expressément que la moisson était abondante.

Le paysage est admirablement traité. Il est difficile de voir rien de plus riche que ce lointain ; il fuit avec cela d’une manière très conforme à sa situation ; le ciel clair fait une partie très considérable à la gaieté de cet ouvrage, et il faut avouer qu’il n’en a guère traité de mieux au plus vigoureux temps de son âge.

  1. Ce mot, difficilement lisible dans le discours, a été écrit d’une façon plus nette un peu au-dessus de la ligne par Guillet de Saint-Georges, ce qui prouve qu’en 1683 il se servait du manuscrit même de Champaigne pour le relire à l’Académie.