Page:Conférences inédites de l'Académie royale de peinture et de sculpture.djvu/183

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Ce grand arbre de devant, par sa force qui est néanmoins très tendre, fait un merveilleux effet pour faire fuir les parties fuyantes de ce tableau. L’on peut dire que l’apparence[1] du blé, ou pour mieux dire la paille, n’est pas assez vive en comparaison de celle de ces quartiers. Il est aisé de répondre à cette objection ; car l’on sait qu’en Italie (qui n’est pas, à beaucoup près, dans une situation si chaude comme est la Judée) la paille n’y est pas si vive qu’ici ; à plus forte raison l’est-elle encore moins dans les climats les plus avancés où il y a plus de poudre.

Il y a une chose dans le tableau qui peut-être n’est pas au goût de tout le monde, qui est qu’il est beaucoup moins fini que ceux qu’il a faits auparavant. Mais je ne sais, Messieurs, si c’est une faute de ne pas porter toujours les choses dans le très fini, et soutiens qu’on rend souvent moins fini le tout ensemble à force de s’attacher trop aux parties particulières, parce qu’il me semble que la véritable correction consiste à rendre l’ordonnance régulière, plaçant les choses dans leur site, à bien proportionner les parties ensemble, à les bien dessiner de même et les colorer bien dans une écono-

  1. Le manuscrit porte « dans l’apparence ». Il est probable que l’auteur écrivait au courant de la plume, ne se relisait pas, et qu’en commençant cette phrase il croyait la terminer autrement. Peut-être considérait-il ces conférences comme une honorable corvée dont il avait hâte de se débarrasser.