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de la couleur « sa seule étude, c’est se tromper soi-même, c’est choisir un beau corps, se laisser éblouir de son éclat et ne se pas mettre assez en peine de ce qui doit animer cette belle apparence, qui ne peut subsister seule, quelque beauté qu’elle puisse avoir », un tel discours donc devait mettre le feu aux poudres.

De fait, Blanchard se sentit touché, et essaya, après avoir préparé son discours pendant cinq mois, de prouver qu’« un peintre n’est peintre que parce qu’il emploie des couleurs capables de séduire les yeux et d’imiter la nature ». Il n’y eut, dans tout son discours, rien de blessant pour Philippe de Champaigne mais le neveu de ce dernier, croyant l’honneur de la famille en jeu, demanda la permission de répondre à Blanchard et l’obtint. Il fit paraître quelque animosité contre son adversaire, et il est visible que la lutte, quoique courtoise, fut chaude. Le Brun, pour qui Blanchard était plein de respect, remplit le rôle d’arbitre le 9 janvier 1672, et se prononça en faveur de Philippe et de Jean-Baptiste de Champaigne.

Mais la lutte n’était pas éteinte, et il est bien regrettable que nous ne puissions retrouver le discours que prononça Blanchard (sans doute le premier samedi de décembre de cette même année 1672[1]), « sur le sujet de la disposition des cou-

  1. 1. Voir le procès-verhal du 26 novembre.