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Page:Congres francais et international du droit des femmes.djvu/205

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de la République, le nombre important de 19,564 écoles mixtes, et que ces écoles, comme dans les autres pays, donnent les meilleurs résultats ; qu’elles sont fréquentées par un million environ d’élèves des deux sexes, et que, loin d’être reléguées dans des hameaux perdus, on les rencontre par tous les départements, du nord au sud et de Test à l’ouest de la France. Il n’existe pas un seul département qui n’en compte une ou plusieurs, y compris celui qui renferme la capitale. Elles sont dirigées par des laïques ou par des congréganistes, et elles comptent pour un tiers environ de l’enseignement public. C’est là, certes, un beau rang. Aussi, est-il difficile de comprendre comment, en présence de faità et de chiffres authentiques, il serait possible d’ajouter foi encore aux, imputations injurieuses dont l’ignorance ou le préjugé a essayé de flétrir l’école mixte de « dangereuse pour les mœurs ». Conçoit-on des parents, un corps enseignant et un gouvernement prêtant les mains et salariant une méthode d’enseignement « dangereuse pour les mœurs ? »

N’est-il pas urgent que tous ceux qu’un intérêt professionnel rattache à ces écoles, ou qu’un lien plus sacré, celui de la mère, y attache, osent élever la voix et faire entendre d’énergiques protestations !

Ils ont le plus grand intérêt à ce que la question soit portée au grand jour ; qu’une enquête comparative des autres systèmes pédagogiques soit faite. Le gouvernement a en main tous les éléments nécessaires pour une semblable enquête ; lui, dont ce serait l’impérieux devoir de le faire, ne bouge pas ! Bien mieux, le nombre des écoles mixtes s’est accru de près de deux mille depuis six ans ! Et, par une inconséquence bizarre, les cours d’adultes mixtes ne soulèvent aucune objection.

En Suisse, on le sait, toutes les écoles sont mixtes, depuis l’école primaire jusqu’aux cours supérieurs de l’École Politechnique et de l’Université, et on ne s’en trouve pas plus mal. Ce sont des instituteurs ou des institutrices qui distribuent l’instruction dans les écoles primaires.

La femme, admise aujourd’hui aux hautes études, donne journellement des preuves de son aptitude à se les assimiler. Et la solution de cette importante question de l’enseignement mixte pour les adolescents des deux sexes est rendue facile.

On sait qu’il a existé, à toutes les époques, des femmes qui ont professé devant des élèves adultes des deux sexes. À cette heure même, une femme professe les hautes mathématiques à l’Université de Stokholm, devant un auditoire de jeunes gens… Tandis que, comme règle, je ne voudrais conseiller, volontiers, pour des écoles de femmes des professeurs du sexe opposé.