Page:Conon de Béthune - Chansons, éd. Wallensköld, 1921.djvu/10

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eut à négocier avec les Vénitiens le transport des croisés en Palestine, et ce fut lui qui, en 1203, adressa la réponse hautaine des barons croisés au vieil empereur de Constantinople, Alexis, qui les avait sommés de s’éloigner de ses terres. Quand le nouvel empereur, le jeune Alexis, que les croisés avaient placé sur le trône grec, fit mine de ne pas vouloir tenir ses engagements, ce fut de nouveau Conon de Béthune qu’on chargea de parler au nom des barons courroucés. Le chroniqueur Philippe Mousket[1] raconte que Conon de Béthune assista à la seconde prise de Constantinople en 1204, et, à l’avènement de Baudouin de Flandre sur le trône de l’empire grec, Conon fut promu grand-maître de la garde-robe impériale ou « protovestiaire »[2]. Par la suite, Conon de Béthune fut intimement mêlé aux événements politiques et militaires de l’empire latin de Constantinople. Par les chroniques de Villehardouin et de Henri de Valenciennes[3], nous apprenons quel rôle important il joua sous la régence et le règne de Henri de Flandre, frère et successeur de Baudouin. À partir de l’année 1209, au milieu de laquelle finit la chronique de Henri de Valenciennes, il n’y a que très peu de renseignements sur la vie de Conon de Béthune. L’on sait cependant qu’après que le nouvel empereur, Pierre de Courtenai, eut été fait prisonnier par le despote d’Épire, Théodore l’Ange (en 1217)[4], Conon de Béthune occupa, sous la régence de Yolande de Flandre, femme de Pierre de Courtenai, le poste de « séné-

  1. Éd. Reiffenberg, t. II (Bruxelles, 1838), p. 308, v. 20451.
  2. Voir Du Gange, Histoire de l’Empire de Constantinople sous les empereurs françois (Paris, 1657), t. II, p. 14.
  3. La chronique de Henri de Valenciennes, remaniement en prose d’un poème historique (voir G. Paris, Romania, XIX, p. 63 et suiv.), a été publiée par N. de Wailly à la suite de la chronique de Villehardouin.
  4. Il s’agit bien de Théodore l’Ange, et non pas de Théodore Lascaris, comme je l’avais admis par erreur dans ma première édition (p. 20) ; voir O. Schultz, ouvr. cité, p. 447.