Page:Conon de Béthune - Chansons, éd. Wallensköld, 1921.djvu/17

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rie et le couplet II à la seconde, ce qui a fait supposer, non sans raison, qu’il y a là deux chansons incomplètes, dont l’une serait l’imitation extérieure de l’autre[1]. Dans ces « chansons d’amour », qui, pour le style, montrent beaucoup de différences, se rencontrent quelques renseignements personnels : dans III (v. 5-14), la petite scène, rapportée ci-dessus (p. iv), où la reine mère et son fils Philippe-Auguste raillent le poète de son langage dialectal, et (v. 7) la mention de la « Comtesse », Marie de Champagne, dont l’opinion a tant de valeur pour le poète et dans qui on a même voulu voir l’objet de l’amour courtois du jeune gentilhomme[2] ; la chanson I est adressée à un certain Noblet (v. 43)[3], probablement le même qu’on retrouve dans l’œuvre de Gace Brulé[4]. Dans VII (v. 16-18), il y a une allusion à la participation de Conon à la troisième croisade. IX débute par les vers :

L’autrier un jor après la Saint Denise
Fui a Betune, ou j’ai esté sovent.

Des chansons II, VI et VIII, il n’y a rien à dire, sinon que VIII, que deux bons mss., M et T, attribuent à Conon de Béthune, est remplie d’allusions obscures et écrite dans un langage singulièrement contourné.

Quant aux chansons que j’ai rejetées (R. 15, 1859 et 1960), la première est une violente diatribe contre l’amour, les femmes et les faux amants. R. 1859 et 1960, dont le style est particulièrement vague et incolore (dans R. 1859, il y

  1. Voir A. Jeanroy, Romania, XXI, p. 421. Il ne semble guère possible d’admettre avec A. Scheler (Trouvères belges, p. 272) qu’il s’agisse, dans la même chanson primitive, de deux amies différentes, de la nouvelle (couplet I) et de l’ancienne (couplet II).
  2. Marie, née en 1145, aurait, quant à son âge, bien pu être l’inspiratrice amoureuse du poète.
  3. Le ms. R donne Robers.
  4. Voir Chansons de Gace Brûlé, éd. par G. Huet (Paris, 1902), Table des noms propres, p. 149.