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Page:Conon de Béthune - Chansons, éd. Wallensköld, 1921.djvu/18

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a notamment un abus surprenant de la construction périphrastique avec aler et le gérondif), contiennent quelques indications personnelles. L’auteur de R. 1859 se réfère aux chansons d’amour de Monseigneur Gasson (v. 14), qui est sans aucun doute le trouvère Gace Brulé, contemporain de Conon de Béthune[1] et antérieur à Guillaume le Vinier[2], à qui les mss. M T a attribuent la chanson. Cette dernière attribution peut cependant bien être exacte : Guillaume le Vinier a pu mentionner Gace comme un de ses prédécesseurs célèbres dans l’art de « trouver ». Enfin R. 1960 est adressée à un certain comte de Gueldre (v. 36), dans lequel on est tenté de voir Othon III, connu pour s’être intéressé à la poésie, mais qui n’a régné qu’après la mort de Conon de Béthune (1229-1271)[3].

Versification. — Le nombre des couplets est variable : 6 dans I, IV, V et X (avec envoi dans I et V), 5 dans II et VI, 4 dans VIII et IX, 3 dans III et 2, sûrement authentiques, seulement dans VII[4].

Rapport des couplets. — I, III, IV, VI, VIII, X sont à coblas doblas, I et VIII donnant en partie les rimes des couplets pairs dans l’ordre inverse de celles des couplets impairs. Dans IX, les trois premiers couplets sont sur les mêmes rimes, le quatrième est isolé, construction strophique rare dans la poésie lyrique française du moyen âge[5]. Dans V, les

  1. Pour l’époque où a vécu Gace Brulé, voir G. Huet, Chansons de Gace Brulé, p. i-xvii.
  2. Guillaume le Vinier, religieux d’Arras, ne mourut qu’en 1245 ; cf. A. Guesnon, dans Bulletin hist. et philol. du Comité des travaux hist. et scient., année 1894 (Paris, 1895), p. 432-434.
  3. Voir P. Paris, dans l’Histoire littéraire de la France, t. XXIII (1856), p. 619 et 685.
  4. Dans C, il y a à la fin de IV un demi-couplet qui semble avoir été ajouté après coup ; V a dans U un second envoi sûrement apocryphe.
  5. Mais il n’est pas impossible que le couplet III, qui ne se trouve que dans les mss. C et U (apparentés de très près), soit apocryphe.