Page:Conon de Béthune - Chansons, éd. Wallensköld, 1921.djvu/20

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une finale féminine); II, V, VIII et X présentent des décasyllabes sans césure après la 4e syllabe, mais il n’y a aucun cas certain de césure épique[1].

Rime. — Contrairement à l’opinion que P. Meyer fondait sur l’examen de certains mss., Conon de Béthune ne s’est pas permis des assonances au lieu de rimes[2]. Il y a de nombreux exemples de rimes équivoques (homonymes) et identiques. On rencontre aussi quelques cas de rimes dites grammaticales (III, 8 et 12 : cortoise, cortois, 10 et 11 : franchoise, franchois ; IV, 44 et 48 : honteus, honteuse). Mais il n’y a aucun exemple de rime riche.

Langue. — Conon de Béthune ayant dit lui-même que sa parole n’était pas franchoise (III, 10) et qu’il avait dit mos d’Artois, parce qu’il n’avait pas été norris a Pontoise (III, 13-14), il y a lieu de rechercher les traits artésiens (picards) qui peuvent se rencontrer dans les rimes et la mesure des chansons qui lui sont attribuées.

I. -en- distinct de -an- (avec les exceptions connues). Rimes pures en -ance dans I, V et IX, en -ans dans I et V, en -endre dans I, en -ens dans II, en -ent dans I et IX[3].

2. -s : -z. Rimes mêlées en -aus dans VIII[4], en -ens dans II, en -eus dans IV, en -is dans VIII et X, en -ois dans III. Au contraire, il y a des rimes pures en -anz dans I, en -anz et -iez dans V, en -is et -ous dans VII[5].

  1. Les cas où il serait possible d’introduire une césure épique (II, 17 et 23 ; IV, 26 ; V, 50) sont des erreurs de copiste.
  2. Les mss. C I U en particulier présentent des assonances, mais il n’y a là que des fautes de copiste que la comparaison des autres manuscrits suffit le plus souvent à faire rejeter.
  3. R. 15 a des rimes pures en -ent ; R. 1960 a quatre rimes pures en -ente, mais mêle ailleurs -enz avec -anz ; R. 1859 a atent : -ant.
  4. Je suppose que le mystérieux saus (VIII, 19) vient de salicem.
  5. R. 1960 a, comme I et V, des rimes pures en -anz (-enz) à côté de la confusion de -is et -iz (comme dans VIII et X).