Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/131

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du Lion de Flandre, n’oubliez pas votre dévoué serviteur Breydel, si vous avez jamais besoin d’hommes courageux et fidèles. Le métier des bouchers tiendra à votre disposition ses goedendags et ses couteaux bien affilés.

La jeune fille s’effraya quelque peu de cette offre, présage d’une effusion de sang, mais les traits de celui qui la faisait éveillaient en elle, et malgré elle, une vive sympathie.

— Maître, répondit-elle, je ferai connaître votre généreux dévouement à mon seigneur et père, lorsque Dieu me l’aura rendu : je ne puis, moi, que vous en exprimer toute ma reconnaissance.

À ces mots, le doyen des bouchers se leva et se retira, en prenant de Coninck par le bras. Ils avaient quitté depuis longtemps la chambre et l’hôtel de Nieuwland, que les autres personnes s’entretenaient encore de cette visite inattendue.

Quand les deux doyens se trouvèrent dans la rue, de Coninck s’arrêta et dit :

— Maître Jean, vous savez que le Lion de Flandre a toujours été l’ami du peuple, c’est pourquoi il est de notre devoir de veiller sur sa fille comme sur un dépôt sacré.

— Taisez-vous, répondit Breydel, qu’un étranger s’avise de la regarder de travers, et il fera connaissance avec mon poignard. Mais, dites-moi, maître Pierre, que pensez-vous de mon projet ? N’êtes-vous pas d’avis de fermer les portes et d’empêcher la reine