Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/176

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Ils parcoururent alors de nombreux et obscurs corridors ; enfin, ils arrivèrent à une petite porte de fer. Le vieux foulon prit le marteau d’un compagnon forgeron, et en quelques coups il eut mis la serrure en pièces ; cependant, la porte ne s’ouvrit point. Emporté par l’impatience, Jean Breydel arracha le marteau des mains du foulon, et frappa la porte d’un coup si violent qu’elle vola en éclats et que tous les gonds sautèrent de la muraille. La porte tomba, et ils purent voir dans l’intérieur du cachot.

De Coninck se trouvait dans un coin, attaché au mur par une lourde chaîne. Jean Breydel courut à lui, transporté de joie, et se jeta au cou de son ami avec le même élan que s’il eût retrouvé un frère.

— Ô maître ! s’écria-t-il, quel bonheur j’éprouve en ce moment ! Je ne savais pas que je vous aimasse tant.

— Merci, mon brave Breydel, merci, ami, répondit de Coninck en rendant son étreinte au boucher ravi. Je savais bien que vous ne me laisseriez pas pourrir dans ce cachot : je connais trop votre noble courage. Quiconque vous ressemble est un Flamand de bonne race.

Puis, se tournant vers les gens des métiers qui se trouvaient là, il s’écria avec un enthousiasme qui remua vivement tous les cœurs.

— Frères ! vous m’avez aujourd’hui sauvé de la mort. À vous mon sang, à votre liberté toutes les forces de mon âme ! Ne me regardez plus désormais