Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/177

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comme un doyen, comme un tisserand, qui habite au milieu de vous, mais comme un homme qui a juré devant Dieu de défendre toutes vos libertés contre l’ennemi qui les menace. Que les sombres murs de ma prison répètent mes paroles comme un serment solennel et inviolable : mon sang, ma vie, mon repos, je voue tout à mon pays !

Le cri : Vive de Coninck ! étouffa sa voix et retentit au loin dans les longs corridors. De bouche en bouche ce cri arriva jusqu’au dehors, et bientôt on l’entendit dans la ville entière. Les enfants eux-mêmes criaient : Vive de Coninck !

Le cercle de fer qui étreignait les reins du doyen des tisserands fut bientôt brisé, et il apparut à côté de Jean Breydel sur le perron du Princenhof. Mais à peine le peuple qui l’attendait eut-il remarqué les l’ers qui chargeaient ses mains et ses pieds, que des imprécations et des menaces de mort s’échappèrent de toutes les bouches. Des larmes de joie et de rage mouillèrent ensemble les yeux des assistants, et le cri : Vive de Coninck ! retentit avec une force nouvelle[1]. En même temps, une foule de tisserands coururent à leur doyen, et, dans leur transport, l’élevèrent sur le bouclier sanglant d’un soldat qui expirait. Quelle que fût la résistance opposée par le

  1. De Coninck n’y resta pas longtemps (en prison) ; cari la commune s’étant insurgée le jour même, il fut délivré à main armée et mis en liberté. (Annales de Bruges.)