doyen, à cette ovation, il ne put s’y soustraire, et il fut porté en triomphe dans toutes les rues de la ville.
Étrange et tumultueux cortége ! Des milliers d’hommes, armés de couteaux, de haches, de lances, de marteaux, de masses, et d’autres armes fournies par le hasard, couraient, en poussant des clameurs enthousiastes, vers le marché ; au-dessus de leurs têtes, on voyait de Coninck sur le bouclier, les fers encore attachés aux pieds et aux mains ; aux deux côtés du prisonnier délivré marchaient des bouchers aux bras nus et armés de haches resplendissantes. Après une heure environ de cette ovation à la fois burlesque et effrayante, de Coninck exprima le désir de parler aux doyens et chefs des corps de métiers. Le cortége s’arrêta. De Coninck se leva et leur annonça qu’il avait à les entretenir sur une affaire du plus haut intérêt pour la ville. Il les pria en conséquence de se réunir, le soir même, chez lui, afin d’aviser aux mesures à prendre.
Il remercia ensuite le peuple, et le pria de se tenir
prêt à courir aux armes au premier signal et à toute
heure. Il descendit alors de son pavois ; ses mains et
ses pieds furent délivrés de leurs fers, et tout le
peuple l’escorta avec d’unanimes acclamations jusqu’à sa demeure, qui était située dans la rue aux Laines.