Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/277

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vous le Lion ? Ô calomniateur ! Non, le Lion parle flamand… N’entends-je pas que la langue de la reine Jeanne est dans votre bouche ? cette langue qui flatte et trahit. Le Lion est allé aussi, on lui disait : venez ! et une chaîne…, un cachot, une vaisselle d’or et du poison. Ô France ! France ! son sang !… et moi aussi, moi son enfant ; mais vous ne savez donc pas que la tombe est un refuge ? une âme près de Dieu, dans le ciel, ne peut être déshonorée !

Le chevalier ne put contenir son désespoir, il embrassa encore sa fille, et dit :

— Mais n’entends-tu pas, mon enfant, que je parle la langue de nos pères. Quelle souffrance amère as-tu donc endurée, qu’elle égare ton esprit ? Rappelle-toi que notre ami, messire Adolphe de Nieuwland, devait me délivrer, et ne m’appelle plus traître ou scélérat, car tes paroles me percent le cœur.

Au nom d’Adolphe, les joues contractées de la jeune fille se détendirent. Un doux sourire éclaircit la pénible expression de son visage, et, sans repousser le chevalier, elle reprit d’un ton plus tranquille :

— Adolphe, avez-vous dit ? Adolphe est allé chercher le Lion. L’avez-vous vu ? il vous a parlé de la malheureuse Mathilde, n’est-ce pas ? Oh oui, il est mon frère ! Il a fait des noëls pour moi… Chut ! j’entends les cordes de sa harpe… quelle jolie chanson !… mais qu’est ceci ? Oui, mon père vient !