Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’inspirât à cette foule la vengeance du gouverneur, pas une voix ne cria : Vive la France ! Bien que réduite à l’impuissance, la haine ardente des oppresseurs de la Flandre couvait dans leur cœur, et, malgré leur tristesse et leur découragement, parfois un menaçant regard brillait dans leurs yeux comme un fugitif éclair ; ils pensaient alors à de Coninck et à Breydel, et songeaient à de sanglantes représailles.

Tandis que le peuple suivait, d’un œil morne, les évolutions de l’armée française, de Châtillon disposait ainsi ses hommes sur la place : une longue file de cavaliers occupa les deux côtés, et deux détachements d’infanterie se massèrent au fond du marché en venant s’appuyer de part et d’autre à la cavalerie si bien que, de ce côté, toute issue se trouva fermée ; l’autre côté fut laissé libre à dessein, afin que le peuple pût être témoin de ce qui allait se passer. Quand ces dispositions furent prises et exécutées, ou envoya secrètement le reste de la cavalerie et de l’infanterie fermer les portes de la ville et les garder.

Messire de Châtillon se tenait avec quelques chefs au milieu de ses cavaliers. Le chancelier Pierre Flotte, le gouverneur de la ville, Mortenay, et Jean de Gistel le léliard, s’entretenaient avec lui d’un sujet qui paraissait très-important, à en juger par leurs gestes qui trahissaient la plus vive animation. Bien qu’ils parlassent assez bas pour ne pas être entendus des Brugeois, les chefs français pouvaient, de temps en temps, saisir quelques paroles ; plus d’un brave che-