Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/347

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respire avec peine, mais je ne puis toujours rester dans ma tente ; la tristesse me gagne dans cette étroite demeure : je veux voir à l’œuvre les fidèles sujets de mon père, si mes pieds peuvent me conduire jusque-là. Accompagnez-moi, je vous en prie, maître, et répondez à mes questions, car vos explications soulageront mon esprit malade ; je ne désire pas que les gardes nous suivent : comme l’air pur du matin me ranime !

De Coninck suivit la jeune comtesse et se mit à l’entretenir d’une foule de sujets divers ; grâce à son tact habituel et à son éloquence, il sut trouver des paroles consolantes pour elle, et chassa, pour un instant, les sombres préoccupations qui attristaient son âme. Quand elle arriva au milieu des gens des métiers, des acclamations enthousiastes la saluèrent de toutes parts. Bientôt le cri général : « Vive la noble file du lion de Flandre ! » éveilla tous les échos de la forêt, et Mathilde se sentit doucement émue par ces témoignages de vive et sincère affection. Elle s’approcha du doyen des bouchers, et lui dit d’une voix bienveillante :

— Je vous ai vu de loin, maître Breydel ; vous travaillez avec plus d’ardeur que le dernier de vos compagnons : il paraît que cette besogne vous plaît.

— Madame, répondit Breydel, nous fabriquons des goedendags qui doivent délivrer la patrie et le lion de Flandre, notre seigneur et maître, et ce travail me plaît infiniment ; car je crois voir un ennemi