Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/531

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tirant vengeance de ceux sous la supériorité matérielle desquels ils succombaient.

Guy, voyant la défaite de son armée, et croyant la bataille perdue, eût pleuré de douleur, si la tristesse avait pu trouver place dans son cœur ; mais une sombre fureur s’était emparée de lui. Il l’avait juré, il ne voulait pas vivre davantage, et, comme un insensé, il lança son cheval au milieu des ennemis triomphants. Adolphe de Nieuwland et Arnould d’Audenaerde le suivaient de près ; ils combattaient avec une telle rage, que les ennemis effrayés reculaient devant eux ou tombaient sous leur épée comme par enchantement ; mais les Flamands n’en étaient pas moins en déroute, et les Français criaient à bon droit : « Noël ! Noël ! » car rien ne semblait pouvoir sauver les troupes de Guy.

En ce moment, on vit, dans la direction d’Audenaerde, au delà du ruisseau de Gavre, se mouvoir au milieu des arbres quelque chose qui étincelait sous les rayons du soleil ; cette surprenante apparition s’avançait rapidement et fut bientôt en rase campagne. On aperçut deux cavaliers accourant au grand galop vers le champ de bataille : l’un était chevalier, on pouvait le deviner à sa magnifique armure ; sa cuirasse et le caparaçon de fer de son cheval brillaient de reflets d’or. Un grand panache bleu flottait au vent derrière lui ; le harnais de sa monture était tout couvert d’écailles d’argent, et une croix rouge était peinte sur sa poitrine ; de plus,