Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/542

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à côté de lui un homme à qui un paternel amour avait fait jurer de le protéger.

Dans toute l’armée française un seul étendard restait debout. L’oriflamme déroulait encore ses éclatantes armoiries, ses fleurs de lis d’argent et les perles étincelantes qui ornaient l’emblème de la France. Guy désigna de la main au chevalier à l’armure dorée celui qui portait la bannière sacrée et s’écria :

— Voilà ce qu’il nous faut avoir !

Ils s’efforcèrent, chacun de son côté, de percer les rangs français ; mais ils n’y réussirent pas d’abord, quelque acharnement qu’ils missent à refouler les ennemis devant eux. Adolphe de Nieuwland trouva enfin un endroit plus favorable, passa seul à travers la cavalerie française et arriva, après de longs efforts, à portée de la noble bannière.

Quelle main fatale, quel mauvais esprit poussait ainsi le jeune homme à sa mort ? S’il eût su quelles larmes amères on versait en ce moment en songeant à lui, s’il eût su combien souvent son nom s’échappait des lèvres d’une femme pour monter vers le ciel avec une prière, — oh ! il ne se fût pas aussi témérairement exposé à la mort : il eût peut-être reculé comme un lâche !

L’oriflamme était entourée d’un groupe compacte de chevaliers. Ils avaient juré sur leur honneur de mourir sous les plis de la sainte bannière plutôt que de la laisser enlever par une main ennemie. Que pou-