Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/543

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vait Adolphe contre autant d’intrépides champions ? Aussi, dès qu’il apparut, fut-il salué d’exclamations ironiques ; toutes les épées tournoyèrent autour de sa tête, il se vit entouré de toutes parts par un cercle d’ennemis, mille coups tombèrent sur son armure, et, malgré sa dextérité, il fut mis dans l’impossibilité de se défendre plus longtemps. Déjà le sang coulait dessous son casque et obscurcissait sa vue ; ses muscles étaient paralysés par d’innombrables meurtrissures. Saisi d’un désespoir furieux et, sentant que sa dernière heure était venue, il s’écria de façon à ce que les Français l’entendissent :

— Mathilde ! Mathilde ! Adieu !

Il dit, et s’élança à travers les glaives ennemis jusqu’à l’oriflamme qu’il arracha à celui qui la portait ; mais dix mains la lui reprirent ; il se sentit frappé de coups redoublés et s’affaissa épuisé sur le dos de son cheval.

Le mouvement qui se fit en ce moment parmi les combattants laissa voir au chevalier à l’armure dorée le péril que courait Adolphe. Il songea à la douleur que ressentirait sa pauvre Mathilde si Adolphe périssait sous les coups de l’ennemi ; il se tourna vers les troupes qui l’entouraient et cria d’une voix tonnante qui domina le tumulte de la bataille :

— À moi, gens de Flandre ! En avant ! en avant !

De même que la mer furieuse combat, avec une force irrésistible, les obstacles qui la retiennent dans son lit, et, après une longue lutte, engloutit dans ses