Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/86

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heureux de pouvoir vous montrer la magnanimité de son cœur, mais avant-hier, il n’était pas, comme aujourd’hui, possédé par de mauvais esprits.

— Que signifie cela ? s’écrièrent les chevaliers avec stupéfaction ; quoi ! le roi serait vraiment…

— Messire Didier, dit Robert gravement, laissez de côté ces détours indignes de nous, et allez droit au but ; vous avez autre chose à nous dire. Mais il paraît que ce secret a peine à s’échapper de vos lèvres.

— Vous l’avez dit, monseigneur, répondit Didier. Puis, faisant sur lui-même un violent effort, il ajouta : Jeanne de Navarre et Enguerrand de Marigny sont à Compiègne !

Ces noms terribles produisirent un effet sur les assistants. Ils restèrent silencieux, et comme frappés de la foudre, et courbèrent la tête sans proférer un mot. Enfin le jeune Guillaume leva les bras au ciel et s’écria avec désespoir :

— Ô mon Dieu ! ma pauvre sœur ; mon père ! nous sommes perdus !

— Voilà, dit Didier avec un soupir, voilà les vrais démons qui possèdent le roi. Vous voyez, illustre comte, que votre serviteur Didier était bien inspiré quand il vous signalait ce piége à Wynendael.

— Qui vous a dit que la reine de Navarre fût à Compiègne ? demanda le comte, comme s’il doutait encore du fait.

— Mes propres yeux, monseigneur, répondit