Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/94

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péfaction et l’effroi s’emparaient du cœur des chevaliers ; ils reconnaissaient en ce moment le piége que leur avait signalé Didier Devos. Cependant, comme le comte Guy ne faisait pas un mouvement, eux aussi restèrent agenouillés. Le roi poursuivit :

— Un vassal qui s’insurge contre son suzerain et son roi, encourt, vous le savez, la perte de son fief, et celui qui fait alliance avec les ennemis de la France engage sa vie. Guy de Dampierre, ici présent, vous avez résisté aux ordres de votre roi, et, de concert avec Édouard d’Angleterre, notre ennemi, vous avez pris et porté les armes contre nous[1]. C’est pourquoi, comme vassal félon, vous avez mérité la mort ; toutefois, nous voulons bien surseoir à l’exécution de cette sentence. Mais, en attendant notre décision, vous et les nobles qui ont pris part à votre révolte, vous serez retenus captifs dans notre royaume.

Charles de Valois, qui avait entendu cette allocation avec une douleur profonde, s’avança au pied du trône et dit :

— Mon seigneur et roi, vous savez avec quelle fidélité je vous ai servi ; je l’ai fait avec le zèle et le dévouement du plus humble de vos sujets. Jamais personne n’a pu dire que j’aie souillé mes armes par une apparence de lâcheté ou de félonie. Eh bien,

  1. Le comte de Guy avait déjà fait, en 1295, avec le roi d’Angleterre, une alliance où fut stipulé, entre autres conditions, un mariage du prince de Galles avec la fille du comte de Flandre. (Annales de Bruges.)