Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans son doux regard. Je ne sais, monsieur de Vlierbecke, quelle sera votre décision ; mais si elle est contraire à mon amour, croyez-le, mon cœur sera brisé pour jamais. Si votre arrêt devait me séparer de ma chère et bien-aimée Lénora, ce serait pour moi un coup mortel, et je prendrais la vie en horreur !

Gustave avait prononcé ces mots avec une profonde émotion et une grande énergie ; monsieur de Vlierbecke lui prit la main avec compassion, et lui dit d’une voix douce :

— Ne vous troublez pas tant, mon jeune ami ; je sais que vous aimez Lénora, et même qu’elle n’est pas insensible à votre amour ; – mais qu’avez-vous à me demander ?

Le jeune homme répondit en baissant les yeux :

— Si je doute encore de votre consentement après toutes les marques d’affection que vous m’avez données, c’est pour une raison qui me fait craindre que vous ne me jugiez pas digne du bonheur que j’implore.

Je n’ai pas d’arbre généalogique dont les racines s’enfoncent dans le passé ; les hauts faits de mes ancêtres ne brillent pas dans l’histoire de la patrie ; le sang qui coule dans mes veines est roturier…

— Croyez-vous donc, Gustave, que j’ignorasse cela le jour où vous êtes venu chez moi pour la première fois ? Votre cœur, du moins, est noble et généreux : sans cela vous eussé-je aimé comme mon propre fils ?

— Ainsi, s’écria Gustave avec une joyeuse espérance, ainsi vous ne me refuseriez pas la main de Lénora, si mon oncle donnait son assentiment à cette union ?