Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/102

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Gustave ; seulement votre sourire me prouve que J’ai réussi vis-à-vis de vous aussi à cacher mon indigence sous l’apparence d’une exécrable avarice. Il est inutile que je vous donne maintenant de plus amples explications là-dessus. Ce que je vous dis est la vérité : je ne possède rien, rien ! Retournez à votre château sans voir Lénora ; examinez mûrement, et avec une entière tranquillité d’esprit, s’il n’y a pas de motifs qui doivent vous faire changer de résolution ; laissez la nuit passer sur vos réflexions, et si demain Lénora, pauvre, vous est restée chère, si vous pensez encore pouvoir être heureux avec elle et être sûr de la rendre heureuse, demandez le consentement de votre oncle. Voici ma main : puissiez-vous un jour la presser comme la main d’un père, mon vœu le plus fervent serait accompli !

Le ton solennel et posé de ces paroles convainquit le jeune homme qu’on lui disait la vérité, quel que fût l’étonnement que lui causât cette révélation inattendue. Mais une expression de joyeux enthousiasme ne tarda pas à illuminer ses traits.

— Si j’aimerai Lénora pauvre ? s’écria-t-il. Ô mon Dieu ! la recevoir pour épouse, lui être uni par le lien d’un amour éternel, vivre auprès d’elle et trouver à tout instant le bonheur dans son doux regard, dans sa voix enchanteresse ! Savoir que j’ai le devoir de la protéger et que mon travail fait son bonheur ! Ah ! palais ou chaumière, richesse ou pauvreté, tout m’est indifférent, pourvu que sa présence anime le lieu où je me trouverai ! La nuit ne m’apportera aucun conseil… Ah ! monsieur de Vlierbecke, si j’obtiens de votre générosité