Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/103

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la main de Lénora, je vous remercierai à genoux de l’inestimable trésor que vous m’accordez !

— Soit ! répondit le gentilhomme, la vivacité des inclinations, la constance des sentiments, sont naturelles à votre caractère jeune et ardent ; mais votre oncle ?

— Mon oncle ! murmura Gustave avec un visible chagrin. C’est vrai, j’ai besoin de son assentiment. Tout ce que je possède ou posséderai jamais au monde dépend de son affection pour moi ; je suis un orphelin, fils de son frère. Il m’a adopté pour son fils et m’a comblé de bienfaits. Il a le droit de décider de mon sort ; je dois lui obéir…

— Et lui qui est négociant et estime probablement très-haut l’argent, parce qu’il a appris ce qu’on peut en faire, dira-t-il aussi : Pauvreté ou richesse, palais ou chaumière, peu importe ?

— Ah ! je n’en sais rien, monsieur de Vlierbecke, dit Gustave avec un triste soupir ; mais il est si bon pour moi, si extraordinairement bon, que j’ai bien des raisons d’espérer son consentement. Il revient demain ; en l’embrassant à son retour, je lui parlerai de mon projet, je lui dirai que mon repos, mon bonheur, ma vie, dépendent de son assentiment. Il estime, il aime infiniment Lénora, et paraissait même m’encourager à prétendre à sa main. Assurément votre révélation le surprendra beaucoup, mais mes prières le vaincront. Croyez-le !

Le gentilhomme se leva pour mettre fin à l’entretien et ajouta :

— Eh bien, demandez le consentement de votre oncle, et si votre espoir se réalise, qu’il vienne traiter avec moi