Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de cette union. Quelle que soit d’ailleurs l’issue de cette affaire, Gustave, vous vous êtes comporté vis-à-vis de nous en loyal et délicat jeune homme ; mon estime et mon amitié vous restent acquises. Allons, quittez le Grinselhof, sans voir Lénora cette fois ; elle ne doit plus paraître devant vous jusqu’à ce que ceci ait reçu une solution. Je lui dirai moi-même ce qu’il convient qu’elle en sache.

Demi-content, demi-triste, le cœur plein de joie et d’anxiété en même temps, Gustave prit congé du père de Lénora.


V


Le lendemain après midi, monsieur de Vlierbecke était assis dans son salon, la tête penchée sur ses mains. À coup sûr il était plongé dans de profondes méditations, car son regard incertain errait dans le vague, tandis que sur son visage se peignaient tantôt le contentement et l’espoir, tantôt l’inquiétude et l’anxiété.

Lénora faisait, de temps en temps, une apparition dans la place, s’arrêtait un instant inquiète, allait de côté et d’autre, regardait par la fenêtre dans le jardin, et descendait ensuite les escaliers comme si elle eût été poursuivie ; on ne pouvait méconnaître qu’elle attendait impatiemment quelque chose. Ses traits décelaient cependant une joie non dissimulée, qui laissait pressentir que son cœur débordait d’un doux espoir.

Si elle eût pu voir quelles craintes venaient parfois troubler son père dans ses réflexions, elle n’eût peut-