Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être pas ; si gaie et si joyeuse, rêvé de bonheur et d’avenir ; mais monsieur de Vlierbecke comprimait ses émotions devant elle, et souriait à son impatience, comme si lui aussi eût vu, avec confiance, un bonheur s’approcher.

Enfin, lasse d’aller et de venir, Lénora s’assit auprès de son père, et fixa sur lui son regard limpide et interrogateur.

— Ma bonne Lénora, dit-il, ne sois pas si agitée ; nous ne pouvons encore rien savoir aujourd’hui. Demain peut-être ! Modère ta joie, mon enfant ; ta douleur sera d’autant plus facile à vaincre, si Dieu, dans cette affaire, décide contre ton espérance.

— Oh non, mon père, balbutia Lénora, Dieu me sera favorable ; je le sens à l’émotion de mon cœur. Ne vous étonnez pas, mon père, que je sois si joyeuse ; je vois Gustave parlant à son oncle ; j’entends ce qu’il dit et ce que monsieur Denecker répond ; je le vois embrasser Gustave et donner son consentement ; sans doute, mon père, j’ai droit de l’espérer, car monsieur Denecker m’aimait aussi, et il s’est toujours montré si bienveillant pour moi !…

— Tu seras donc bien heureuse, Lénora, si Gustave devient ton fiancé ? demanda monsieur de Vlierbecke en souriant.

— Ne jamais le quitter ! s’écria Lénora, l’aimer, faire le bonheur de sa vie, sa consolation, sa joie ! animer par notre amour la solitude du Grinselhof ! Ah ! nous serons deux alors pour vous faire une douce existence ; Gustave est plus fort que moi pour chasser la tristesse qui obscurcit parfois votre front ; vous vous promènerez, vous