Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/108

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il descendit à la hâte et atteignait le seuil au moment même où monsieur Denecker descendait de voiture.

Le négociant semblait de très-bonne humeur ; il serra cordialement la main du gentilhomme, en lui disant :

— Ah ! monsieur de Vlierbecke, je suis enchanté de vous revoir ! Comment allez-vous ? Il me semble que mon neveu a su mettre à profit mon absence !…

Tandis qu’il était introduit dans un salon par le gentilhomme avec les politesses d’usage, il frappa familièrement sur l’épaule de celui-ci et dit en riant :

— Ah, ah ! nous étions déjà bons amis, nous allons être compères, je l’espère du moins. Ce coquin de neveu n’a pas mauvais goût, il faut en convenir, et il chercherait longtemps avant de trouver une aussi aimable et aussi jolie femme que Lénora. Voyez-vous, monsieur de Vlierbecke, il faut que ce soit une noce dont on parle encore dans vingt ans !

Ce disant, ils étaient entrés dans le salon et s’étaient assis. Le gentilhomme, bien que son cœur battît d’une joyeuse émotion, n’osait croire ce que semblait lui dire le ton de monsieur Denecker, et regardait celui-ci d’un œil plein de doute. Le négociant reprit :

— Eh bien, il parait que Gustave aspire à son bonheur avec une ardente impatience ; il m’a supplié à genoux de hâter la chose ; j’ai vraiment pitié du jeune fou. C’est pourquoi j’ai laissé chômer pour un jour encore maison et affaires, et j’accours pour en finir. Il m’a dit du moins que vous aviez donné votre consentement. C’est bien à vous, monsieur. J’ai songé aussi à ce mariage pendant mon voyage, car j’avais remarqué que