Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/109

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les flèches de l’amour avaient percé de part en part le cœur de mon neveu ; mais ce n’était pas sans appréhension de vos intentions ; l’inégalité du sang — une idée du temps passé — eût pu parfois vous arrêter…

— Ainsi Gustave vous a dit que je consentais à son mariage avec Lénora ? demanda le gentilhomme.

— M’aurait-il trompé ? dit monsieur Denecker avec étonnement.

— Non ; mais ne vous a-t-il pas fait une autre communication qui doit vous sembler d’une haute importance ?

Le négociant hocha la tête en souriant, et dit d’un ton de plaisanterie :

— Ah, ah ! quelles folies vous lui avez fait accroire ! Mais entre nous deux, ce sera bientôt éclairci. Il est venu me conter que le Grinselhof ne vous appartient pas et que vous êtes pauvre ! Vous avez trop bonne opinion de mon esprit, monsieur de Vlierbecke, pour croire que je vais ajouter foi à un pareil conte bleu ?

Un frisson saisit le gentilhomme ; le ton de bonne humeur et de familiarité de monsieur Denecker lui avait fait espérer un instant qu’il savait tout, et que nonobstant cela, il souscrivait au désir de son neveu ; mais les dernières paroles qu’il venait d’entendre lui apprenaient qu’il avait à recommencer les tristes révélations de la veille ; il se prépara avec un froid courage à subir une nouvelle humiliation, et dit :

— Monsieur Denecker, ne gardez pas, je vous en prie, le moindre doute sur ce que je vais vous dire. Je veux bien consentir à l’instant à donner ma Lénora pour fian-