Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/116

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et l’affaire finit là. Seulement, il me reste une demande à vous faire, c’est que vous ne receviez plus mon neveu… Autrement…

— Autrement ! s’écria le gentilhomme d’une voix courroucée ; une menace à moi ?

Mais il se contraignit, et dit avec une froideur apparente :

— Assez ! Faut-il faire approcher la voiture de monsieur Denecker ?

— Comme il vous plaira, répondit le négociant ; nous ne pouvons faire affaire ensemble, ce n’est pas un motif pour devenir ennemis…

— C’est bien ! brisons là, monsieur ! Cet entretien me blesse… il doit finir…

En disant ces mots, il conduisit le négociant jusqu’au seuil, et prit congé de lui par un bref salut.

Monsieur de Vlierbecke rentra dans le salon, se laissa tomber sur une chaise, et porta convulsivement les mains à son front, tandis qu’un rauque soupir montait de sa poitrine haletante et oppressée à sa gorge contractée.

Il demeura quelque temps silencieux et immobile ; mais bientôt ses mains retombèrent lourdement sur ses genoux. Il était pâle comme la mort ; son âme s’enfonçait dans l’abîme des plus déchirantes pensées ; cependant pas un mouvement nerveux, pas une seule ride ne trahissait sur sa physionomie le martyre de son cœur.

Tout à coup il entendit un bruit de pas dans la chambre supérieure. Il revint à lui, et tremblant d’angoisse et d’effroi :

— Dieu ! ma pauvre Lénora ! s’écria-t-il. Elle vient !