Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/120

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louage, qui s’arrêta bientôt dans un chemin détourné.

Un jeune homme en descendit et indiqua au cocher une auberge assez éloignée ; les chevaux firent un demi-tour, et la voiture reprit la route qu’elle venait de suivre, tandis que le jeune homme s’avançait d’un pas rapide dans la direction opposée. Il paraissait en proie à une vive agitation, et frissonnait parfois comme épouvanté par ses propres pensées.

Dès que le Grinselhof apparut à travers les arbres, il se mit à marcher avec précaution le long de la haie ou à passer d’un côté à l’autre du chemin en cherchant les endroits où l’épaisseur du feuillage pouvait le cacher. Arrivé à l’allée qui précédait la cour, il poussa un cri de joie : la porte était ouverte.

Grâce aux arbres et aux buissons, il se glissa sans être vu jusqu’au pont, passa sur la pointe du pied devant la ferme, et franchit l’épais massif qui ceignait le Grinselhof comme un mur.

À peine eut-il fait quelques pas dans le jardin qu’il s’arrêta tremblant.

Lénora était assise sous les catalpas, la tête appuyée sur le bord de la table ; de violents sanglots soulevaient son sein, et à travers ses doigts qui voilaient son regard, des larmes brillantes tombaient comme des perles sur le sable du chemin.

Le jeune homme s’avança d’un pas léger, mais si doucement qu’il marchât, la jeune fille leva la tête, et bondit toute tremblante en arrière, tandis que le nom de Gustave s’échappait de sa poitrine comme un cri d’angoisse. Elle voulut fuir ; mais avant qu’elle eût pu faire