Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/125

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— Votre père, Lénora ? pardonnera tout, et me recevra dans ses bras comme un fils retrouvé…

— Non, non, ne croyez pas cela, Gustave ; on l’a blessé dans son honneur : comme chrétien, il pardonnerait ; comme gentilhomme, il n’oubliera jamais l’outrage qu’il a reçu !

— Ah ! Lénora, vous êtes injuste envers votre père. Si je reviens avec l’assentiment de mon oncle, et si je lui dis : Je ferai le bonheur de vôtre enfant ; donnez-moi Lénora pour épouse ; j’embellirai sa vie par toutes les joies que l’amour d’un époux a jamais données à une femme ; son sort ici-bas sera digne d’envie ! Si je lui dis cela, que croyez-vous qu’il réponde ?

Lénora baissa les yeux.

— Vous connaissez sa bonté infinie, Gustave. Mon bonheur est son unique préoccupation : il vous bénirait en remerciant Dieu.

— N’est-il pas vrai, Lénora, qu’il consentirait ? Vous voyez bien que tout n’est pas perdu. Un joyeux rayon éclaire encore notre avenir. Abandonnez-vous à ce doux espoir, ma bien-aimée. Oh oui ! ne vous désolez pas ; laissez-moi emporter, dans mon triste voyage, l’assurance que vous m’attendrez avec confiance dans la bonté de Dieu. Puis, souvenez-vous de moi dans vos prières, prononcez quelquefois mon nom dans ces sentiers ombragés où les premières aspirations de l’amour ont si doucement ému nos cœurs, où pendant deux mois j’ai goûté près de vous toute une éternité de bonheur ; souriez-moi du fond de votre solitude, mon âme entendra votre lointain salut ; votre souvenir sera mon unique