Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/149

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dans tous les ouvrages de femme ; et puis, vous m’avez rendue assez savante pour que je puisse enseigner aux autres ce que je vous dois en fait d’arts et de sciences. Je serai forte et active pour nous deux. Dieu bénira mon travail. Nous voyez-vous, mon père, seuls dans une petite chambre bien coquette, en paix, le cœur tranquille, toujours ensemble, nous aimant l’un l’autre, défiant le sort, au-dessus de l’infortune, vivant dans le ciel que nous prépare notre commun sacrifice, dans le ciel d’un amour infini ? Ah ! il me semble que le vrai bonheur de l’âme va seulement commencer pour nous ! Et vous, mon père, pouvez-vous vous désoler encore, lorsqu’un bonheur nous sourit, un bonheur tel que peu d’hommes peuvent en jouir en ce monde ?

Monsieur de Vlierbecke contemplait sa fille avec ravissement ; cette voix enthousiaste, mais toujours douce, l’avait tellement ému, ce courage dont il pénétrait les nobles motifs, lui inspiraient une telle admiration que d’heureuses larmes remplirent ses yeux. D’une main il attira Lénora sur son sein ; il posa l’autre main sur ce front chéri, et son regard s’éleva vers le ciel dans une religieuse extase.

Il demeura ainsi, sans parole, les yeux élevés vers Dieu. Une prière recueillie, une bénédiction pour son enfant ; un remerciement plein d’effusion, montaient de son cœur, comme la flamme sacrée de l’autel, vers le trône de celui qui lui avait donné l’angélique Lénora.