Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/150

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VIII.


Un jour ou deux après, comme monsieur de Vlierbecke l’avait dit à Lénora, l’annonce de la vente de tous ses biens fut insérée dans les journaux et affichée partout en ville et dans les communes environnantes.

L’affaire fit un certain bruit, et chacun s’étonna de la ruine du gentilhomme, qu’on avait cru si riche et si avare.

Comme la vente était annoncée pour cause de départ, on n’eût pu en deviner le véritable motif, si de la ville n’était venue la nouvelle que monsieur de Vlierbecke s’y était résolu pour payer ses dettes, et qu’il était tombé dans la dernière misère. La cause même de son malheur, c’est-à-dire le secours qu’il avait prêté à son frère, était connue, bien qu’on n’en sût pas les circonstances particulières.

Depuis le placement des affiches, le gentilhomme vivait encore plus retiré, afin d’éviter toute explication. Il attendait avec résignation l’époque de la vente ; et bien que le chagrin fît souvent effort pour s’emparer de son âme, il trouvait dans les encouragements incessants de sa fille la force de voir arriver le jour fatal avec une sorte d’orgueil.

Sur ces entrefaites, il avait reçu de Rome une lettre de Gustave, lettre qui contenait en même temps quelques lignes pour sa fille. Le jeune homme annonçait que l’absence avait rendu plus vive que jamais son affection pour