Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/152

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gueur, dans les déserts qui s’étendent au delà de la baie d’Hudson.

Monsieur de Vlierbecke pleura pendant quelques jours la perte d’un frère tendrement aimé ; mais son esprit se détourna forcément de ce malheur pour se reporter sur la décision imminente de son propre sort…

Enfin le jour de la vente arriva.

De bon matin, le Grinselhof fut envahi par toutes sortes de gens qui, mus par la curiosité ou par le désir d’acheter, parcoururent toutes les chambres de l’habitation de monsieur de Vlierbecke pour visiter le mobilier et estimer dans leur for intérieur la valeur de chaque objet.

L’infortuné gentilhomme avait fait transporter et disposer dans les plus grandes places tous les objets susceptibles d’être vendus. Aidé de sa fille, il avait passé toute la nuit précédente à nettoyer ceux-ci et à les mettre en bon état afin que les amateurs en offrissent le prix le plus avantageux. Ce soin ne lui avait pas été inspiré par l’intérêt personnel ; car les biens-fonds ayant été vendus quelques jours auparavant très-désavantageusement, il lui était démontré que la vente totale de son avoir ne pourrait en aucun cas dépasser le montant de ses dettes.

C’était un sentiment de probité qui avait poussé le gentilhomme à sacrifier le repos de la nuit à l’intérêt de ses créanciers, afin de diminuer autant que possible leurs pertes.

Probablement que monsieur de Vlierbecke avait le dessein de ne pas prolonger son séjour au Grinselhof après la vente, car parmi les lots exposés aux enchères