Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/153

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on pouvait remarquer deux garnitures complètes de lit et une grande quantité de vêtements appartenant à lui ou à sa fille.

Lénora s’était rendue de bonne heure à la ferme et y attendait que tout fût fini.

À dix heures, la salle où devait commencer la vente était remplie de monde ; des gentilshommes et de nobles dames s’y trouvaient mêlés aux fripiers ; et aux usuriers, que l’espoir de faire de bons marchés avait attirés de la ville ; il y avait des paysans discourant à voix basse et avec surprise sur la ruine de monsieur de Vlierbecke ; il y avait même des gens qui riaient à gorge déployée, et s’égayaient par toutes sortes de plaisanteries en attendant que le notaire donnât lecture des conditions de la vente.

Celle-ci commença une demi-heure après.

Le garde champêtre était debout sur une table, à titre de crieur ; le notaire mettait à prix une belle armoire, lorsque apparut monsieur de Vlierbecke lui-même, qui vint se placer près de la table aux enchères.

Son apparition causa un mouvement général parmi les spectateurs ; les têtes se rapprochèrent, on se mit à chuchoter ; on considérait le gentilhomme déchu avec une sorte de curiosité insolente à laquelle se mêlait chez quelques-uns des assistants un sentiment de pitié ; chez la plupart on ne remarquait qu’indifférence et raillerie.

Cette attitude malveillante de l’assemblée ne dura qu’un instant ; bientôt le ferme et imposant visage du gentilhomme inspira à tous le respect et l’admiration. Il