Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/157

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bien que ce solennel adieu remplisse son âme d’une amère tristesse.

Mais elle doit soutenir son père souffrant, elle doit épier sur son visage toutes les émotions qui agitent son cœur, elle doit veiller sur ce cœur comme une sentinelle attentive pour repousser par son énergie et ses témoignages d’affection le chagrin qui veut s’en emparer. Voilà pourquoi son regard est si limpide et si doux quand il s’efforce de rencontrer celui de son père.

Le père et la fille se dirigent à pas lents vers la ferme. Ils y entrent pour prendre congé du fermier et de sa femme.

Cette dernière se trouvait seule avec sa servante dans la chambre d’en bas.

— Mère Beth, dit le gentilhomme d’un ton calme et bienveillant, nous venons vous dire adieu.

La fermière, le cœur saisi d’une douloureuse anxiété, contempla un instant les deux voyageurs, remarqua avec un pénible étonnement leur costume, et, portant son tablier à ses yeux, elle sortit en gémissant par la porte de derrière. La servante posa sa tête sur l’appui de la fenêtre, et se mit à sangloter tout haut malgré tous les efforts de Lénora qui s’était approchée d’elle pour la consoler.

Bientôt la fermière reparut avec son mari qu’elle était allée chercher dans la grange.

— Hélas ! c’est donc vrai, monsieur, dit le fermier d’une voix étouffée ; vous quittez le Grinselhof ? Et nous ne vous reverrons peut-être jamais !

— Allons, bonne mère Beth, dit le gentilhomme en