Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/159

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jamais. Ah ! Monsieur, tout ce que je possède est à votre service…

Monsieur de Vlierbecke pressa d’une main tremblante la main du fermier, et dit avec émotion :

— Vous êtes un brave homme, je suis heureux de vous avoir protégé ; mais renoncez à votre projet, mon ami ; gardez ce que vous avez gagné à la sueur de votre front. Ne vous inquiétez pas de nous ; avec l’aide de Dieu nous trouverons une vie supportable…

— Oh ! Monsieur, dit le fermier d’une voix suppliante et en joignant les mains, ne repoussez pas le léger secours que je vous offre !

Il ouvrit une armoire et montra un petit tas de pièces d’argent.

— Voyez, dit-il, ce n’est pas encore la centième partie du bien que vous nous avez fait. Accordez-moi la grâce que j’implore de votre générosité. Prenez cet argent ; s’il peut vous épargner une seule souffrance, j’en remercierai Dieu tous les jours de ma vie.

Des larmes d’attendrissement remplirent les yeux du gentilhomme, et ce fut d’une voix tout altérée qu’il répondit :

— Merci, mon ami ; je dois refuser ; toute instance serait inutile. Quittons cette chambre.

— Mais, Monsieur, s’écria le fermier avec désespoir, où allez-vous donc ? Pour l’amour de Dieu, dites-le-moi.

— Cela m’est impossible, répondit monsieur de Vlierbecke ; je ne le sais pas moi-même. Et quand même je le saurais, la prudence m’ordonnerait de ne pas le dire.

À peine avait-il prononcé ces paroles qu’il rentra dans