Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’autre pièce. Il trouva tout le monde et même sa fille fondant en larmes. Celle-ci s’était jetée au cou de la fermière, tandis que la servante portait en pleurant sa main à ses lèvres.

Le gentilhomme comprit qu’il fallait mettre fin à cette pénible scène. Il dit à sa fille quelques paroles empreintes d’une mâle énergie, et Lénora parut sortir d’un triste songe.

Il y eut encore des serrements de mains fiévreux ; on échangea le dernier baiser d’adieu, après quoi le père et la fille, reprenant en main leur petit paquet, franchirent le pont du Grinselhof et entrèrent dans la bruyère.

Longtemps les gens de la ferme les suivirent des yeux en pleurant, jusqu’à ce qu’ils eussent disparu derrière un massif de chênes.

Monsieur de Vlierbecke avait suivi sans parler le chemin qui traversait la bruyère jusqu’à une hauteur au delà de laquelle un épais bois de sapins masquait l’horizon. Il savait qu’aussitôt qu’il serait entré dans ce bois le Grinselhof échapperait à ses regards.

Il s’arrêta et se retourna lentement. Il contempla encore une fois ce lieu, berceau de ses ancêtres et de lui-même.

Ce qui se passa en cet instant dans son âme dut être déchirant, car Lénora frémit en voyant l’altération de sa physionomie ; cependant, elle ne se sentit pas la force de troubler cette douleur solennelle.

Enfin, deux grosses larmes coulèrent sur les joues du gentilhomme. Alors Lénora lui sauta au cou, essuya