Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/162

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— Monsieur le notaire ! demanda-t-il d’une voix impatiente au domestique. Celui-ci s’excusa en disant que son maître ne serait visible que dans quelques instants ; il introduisit ensuite l’étranger dans une chambre, lui présenta un siège et le pria d’attendre un moment, après quoi il disparut.

Le jeune homme parut très-contrarié de ce retard et s’assit en murmurant. Son visage avait une expression de tristesse ; ses yeux se baissèrent vers le parquet, et il parut s’absorber tout entier dans de profondes réflexions. Peu à peu, néanmoins, ses traits s’éclaircirent ; un doux sourire vint errer sur ses lèvres. Il releva le front et se dit à lui-même, tandis que son regard étincelait de joie :

— Ah ! comme le désir fait battre mon cœur ! Qu’elle est douce l’espérance, la certitude qu’aujourd’hui même je la reverrai ! qu’aujourd’hui même je la récompenserai de sa constance et lui offrirai le dédommagement de six mois de souffrances ; qu’aujourd’hui même, à genoux devant elle, je pourrai lui dire : Lénora, Lénora, ma douce fiancée, voici le consentement à notre mariage ! Je t’apporte la richesse, l’amour, le bonheur ! Je reviens avec la volonté et le pouvoir de rendre douce la vieillesse de ton père ; je reviens pour vivre avec vous deux dans ce paradis qui nous était promis… Ô ma bien-aimée, presse-moi dans tes bras, accepte mon baiser de retour, je suis ton fiancé ; rien sur la terre ne peut nous séparer… Viens, viens, qu’un même embrassement, qu’un même lien éternel unisse le père et ses enfants ! Ah ! oui, je sens nos âmes consumées par un même désir, par