Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/163

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une même aspiration : aimer ! Oh ! merci, merci, mon Dieu !

En prononçant ces paroles, emporté par la contemplation du bonheur qui lui était promis, il avait quitté son siége pour donner à son corps une liberté de mouvement en harmonie avec l’ardente agitation de son âme.

Un bruit qu’il crut entendre à la porte de la chambre le rappela à la conscience de lui-même. Il comprima son émotion, et sa physionomie prit une expression plus calme, mais toujours souriante.

Peu d’instants après, il retomba dans une profonde méditation ; un autre sentiment devait s’être emparé de son cœur, car il fut saisi d’un léger tremblement, et l’anxiété se peignit sur ses traits :

— Mais si je me trompais ? murmura-t-il en soupirant. Mes lettres sont restées sans réponse ; n’est-on pas demeuré insensible à mes prières et à mes larmes ? Et Lénora…

Il s’arrêta immobile, la main appuyée sur le front. Mais il repoussa soudain la sombre pensée et dit avec une conviction enthousiaste :

— Arrière, arrière la défiance qui veut, comme un serpent, se glisser dans mon cœur ! Lénora m’oublier, me repousser ? Non, non, ce n’est pas possible ! Ne m’a-t-elle pas dit : notre amour est éternel, impérissable ! Les lèvres de Lénora peuvent-elles mentir ? Un cœur comme le sien peut-il être infidèle et traître ? Ah ! silence, silence ! tu la calomnies !

À peine avait-il prononcé ces derniers mots avec énergie, que la porte s’ouvrit. Le jeune homme dissimula son